29e Festival international du film d’histoire de Pessac
Au lendemain des commémorations du centenaire de 1918, le Festival du film d’histoire de Pessac a choisi d’interroger la période qui suit le retour à la paix jusqu’à la Drôle de Guerre.
La Drôle de Paix, c’est donc le sujet que cette 29e édition qui ouvrira lundi s’apprête à explorer, sous l’angle du cinéma. Une vingtaine d’années foisonnantes et contradictoires. Comme le rappelle l’historien et fidèle président d’honneur du festival, Jean-Noël Jeanneney, il s’agira donc, à travers projections, débats et rencontres de « restituer le foisonnement des libertés successives et des potentialités enfuies », de « donner à voir le tourbillon des occasions manquées d’échapper à l’horreur finale ».
Entre passions collectives et intérêts confrontés*
Seront convoqués, entre autres, pour nous rafraîchir la mémoire, quelques chefs-d’œuvre du cinéma muet, tellement prophétiques, comme Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene ou Nosferatu de Murnau, la charmante et divertissante Sérénade à trois de Lubitsch, dansant sur les cendres fumantes de l’effondrement de 1929, la tragique souricière du Jardin des Finzi-Contini de Vittorio De Sica, interrogeant en 1970 le piège antisémite de l’Italie fasciste de l’été 1938…
Plus facile de faire la guerre que la paix
Le délégué général, Pierre-Henri Deleau, a également pris soin, comme à son habitude, de sélectionner le meilleur des films documentaires d’histoire de l’année écoulée, avec le très émouvant Clémenceau dans le jardin de Monet de François Prodomidès racontant la puissante amitié de deux géants : l’un que l’on surnomma Le Tigre déclarant, au sortir de la victoire chèrement payée à Verdun qu’il est « plus facile de faire la guerre que la paix », l’autre, armé de ses seuls pinceaux, se battant jusqu’à la mort contre la cécité pour accomplir son oeuvre gigantesque menacée d’anéantissement.
Des secrets troubles
Dix films documentaires inédits (indépendants du thème de La Drôle de Paix) présentés en avant-première seront en compétition, parmi lesquels on note celui de Michael Prazan (auteur de la fascinante Passeuse des Aubrais présentée lors d’un précédent festival) sur les goulags, revisités à travers le regard d’Assia Kovrigina, une petite fille de Zek. Ou L’Homme que nous aimions le plus de Danielle Jaeggi. Ou encore La Tondue de Chartres de Patrick Cabouat, qui scrute les secrets troubles d’une photo emblématique de Robert Capa prise en août 1944, à la Libération. Ces trois réalisateurs seront présent à Pessac.
Dix longs-métrages de fiction (également indépendants du thème) sont également en compétition. Nous y reviendrons la semaine prochaine…
Prochain article : demain dimanche — Leto de Kirill Serebrennikov