L’Histoire et l’Intime – Pessac 4/4

29e Festival international du film d’histoire

Palmarès 2018

Le festival international du film d’histoire de Pessac vient de décerner ses récompenses aux meilleurs films sélectionnés cette année.

Dans la catégorie Fiction, le prix du jury professionnel revient aux Témoins de Lendsdorf d’Amichai Greenberg (Israël-Autriche, 2017), tandis que le jury étudiant a donné sa préférence à Leto de Kirill Serebrennikov (Russie-France, 2018) auquel ce blog a déjà consacré un article enthousiaste.

Dans la catégorie Documentaires Inédits, c’est L’Homme que nous aimions le plus de Danielle Jaeggi qui est récompensée par le jury professionnel. Pour plus de détails sur ce palmarès, vous pouvez dès à présent consulter le site du Festival.

La mémoire et l’oubli

Concernant ces trois films lauréats, on notera que chacun d’eux se penche à sa façon sur le rapport noué entre la mémoire et l’oubli. Si Leto fait revivre, non sans humour, la scène rock soviétique des années 1980 et de la décennie précédant la chute du Mur, le film rend hommage à deux figures tôt disparues : celles de Viktor Tsoï et Mike Naumenko dont le premier, quasiment inconnu en Occident, fut une idole dans son pays et participa à sa manière aux bouleversements de l’histoire. Le jury étudiant a aimé ce film « qui aime tous ses personnages, et qui porte dans ses tripes l’idée qu’on se libère de l’oppression par la création acharnée».

Notre relation intime à l’Histoire

Les Témoins de Lendsdorf d’Amichai Greenberg retrace l’enquête d’un historien juif orthodoxe obsédé, envers et contre tous, par un massacre perpétré en Autriche à la fin de la Seconde Guerre mondiale. « C’est un film qui hante et interroge », précise le jury professionnel qui l’a choisi. Un film « qui parle de notre relation intime à l’histoire ».

L’Homme que nous aimions le plus, le film de Danielle Jaeggi, interroge également l’histoire au regard de l’intime. Pour la réalisatrice, il s’agit d’explorer ses souvenirs d’enfance, ceux d’une petite fille suisse élevée dans les années 1950-60 par des parents communistes entraînés dans les pièges troubles de la Guerre froide.

La peur de trahir un secret

Ce très beau documentaire vaut tout particulièrement par sa charge émotionnelle. Danielle Jaeggi rencontrée cette semaine à Pessac raconte comment, à soixante-huit ans passés et beaucoup d’autres documentaires à son actif, elle ressentit le besoin d’aller explorer les archives et interroger les amis de ses parents pour comprendre enfin ce qu’on lui a si longtemps caché :

« Aujourd’hui encore, il me reste de cette enfance silencieuse la peur de dire quelque chose de dangereux, la peur de trahir un secret. Il fallait être fort, ne jamais douter. Et savoir être seule.»

Grâce à Danielle Jaeggi, on a rarement aussi bien compris comment et pourquoi ceux qui s’engagèrent pour le meilleur et pour le pire restèrent fidèles jusqu’au bout, même quand il fallut payer le prix de cette fidélité par la trahison des idéaux qui en avaient été le moteur.

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Les Oubliés – Pessac 3/4

29e Festival international du film d’histoire de Pessac

La 29e édition du Festival du film d’histoire de Pessac, placée sous le signe de l’entre-deux guerres (1919-1939), se consacre cette année à trois décennies multiformes que les organisateurs ont  rassemblées sous une formule assez parlante, faisant référence à la Drôle de guerre qui précéda l’occupation par l’Allemagne des Pays-Bas  et de la Belgique : La Drôle de Paix.

L’Histoire peut-elle bégayer?

L’évocation de cette période prête peu à sourire et la sélection des films montrés au public depuis lundi se distingue, à quelques rares exceptions près, par son austérité. D’autant que le recours appuyé du président de la République aux références aux années 1930 pour évoquer l’actualité présente du pays jette sur les projections et les débats une sorte d’écho qui vient brouiller les esprits plus qu’il ne les éclaire. Le Figaro tentait récemment d’exprimer ce malaise général du moment : c’est « comme  si nous assistions dans l’impuissance au grand retour d’ennemis hier vaincus. » Cependant, L’Express s’interroge : « L’Histoire des années 1930 peut-elle bégayer? »

Un récit figé réglé comme une horloge

Les films que l’on a pu voir ces derniers jours posent, plus que jamais et chacun à sa manière, la question du récit historique. Lorsque j’étais enfant, à l’école, l’histoire de France (celle des autres pays intéressait peu l’Education nationale) nous était essentiellement enseignée de manière chronologique en se basant sur des dates (ce qui ne m’arrangeait pas du tout car j’ai une très mauvaise mémoire des chiffres). Cela donnait l’impression d’un récit coupé de l’humain, figé et immuable, d’une précision et d’une justesse horlogères.

Tout le monde a ses raisons

Il me semble que c’est en parlant avec les hommes et les femmes ou en lisant leurs témoignages sur l’histoire en train de se faire que l’on commence à comprendre que cette discipline est tout sauf une science exacte; et qu’à vouloir s’y contraindre, on se condamne à la trahir. Car elle est polymorphe, elle vieillit bien ou mal, comme le vin. Et tout dépend du point de vue de celui qui la raconte, comme l’a si bien résumé Jean Renoir évoquant sa Règle du Jeu : « Ce qui est terrible sur cette terre, c’est que tout le monde a ses raisons. »

Sauf que certains auteurs, par goût de la simplicité ou excès de certitude, la racontent sans tenir compte de sa complexité. C’est ce que racontait si bien, jusqu’au vertige, La Passeuse des Aubrais de Michael Prazan (documentaire sélectionné l’année dernière). C’est aussi ce qui fixe les limites de La Tondue de Chartres de Patrick Cabouat projeté hier.

« En ce temps-là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait des filles. On allait même jusqu’à les tondre. »

Paul Eluard

Faire parler une photo de Capa

Le réalisateur s’était fixé pour objectif de décortiquer le sens caché d’une fameuse photo de Robert Capa, fixant sur la pellicule, à la Libération, une femme tondue  escortée par la foule haineuse qui la conspue. Mais il s’empêtre dans un récit qui irrite par ses « oublis »: aucune mention n’est faite, par exemple, de la nature de ceux et celles qui procédèrent à l’humiliation de ces femmes, coupables ou non-coupables des faits qui leur étaient reprochés, mises au pilori par des hommes qui furent le plus souvent des « résistants de la 25e heure », soucieux de se trouver un bouc émissaire pour tenter de se racheter une vertu à bon compte. Une telle omission met extrêmement mal à l’aise et le fameux poème de Paul Eluard* cité à la toute fin de ce documentaire ne suffit pas à rectifier le tir ; au contraire, il donne l’impression d’un tardif regret. D’autant plus que les photos utilisées pour servir de support au récit sont loin de se rapporter toutes aux personnages dont il est directement question ce qui accentue l’impression de condamnation en bloc et sans nuances des femmes que l’on voit à l’écran.

Les amnésies de l’Histoire

A l’opposé, Les Oubliés de la victoireL’Odyssée des soldats d’Orient de C. Gruat et D. Sapaut. Ce film, consacré au front de l’Est et à la très oubliée armée d’Orient, brille par son souci de donner la parole à chacun, qu’il s’agisse du général Franchet d’Esperey, commandant les troupes alliées parties de Salonique, de l’officier cultivé échangeant de magnifiques lettres avec son épouse, du simple bidasse impatient de retrouver sa province… L’ensemble donne à entendre de manière symphonique la multiplicité des regards et des parcours tout en réparant les oublis de l’Histoire et de sa grande Hache, comme l’écrivit Georges Perec. Car l’effort de ces soldats fut décisif pour la victoire. Il se poursuivit jusqu’aux portes de Constantinople et celles de la Russie (alors passée aux mains des Soviets) et se prolongea bien au-delà de l’armistice de 1918, de ses flonflons et de ses musettes.

C’est aussi cela, le mérite du festival de Pessac : faire remonter à la surface des consciences des images que l’on avait peut-être oubliées, des visages trop tôt effacés, des voix qui se sont tues dans l’indifférence générale des amnésies opportunes.

* Comprendra qui voudra, Paul Eluard, 1944
Illustrations (de haut en bas): Les Oubliés de l’Histoire, L’Odyssée des soldats d’Orient (en Serbie) – Robert Capa, La tondue de Chartres – Les Oubliés de l’Histoire, L’Odyssée des soldats d’Orient.

Leto – Pessac 2/4

29e Festival international du film d’histoire de Pessac

L’été incandescent du rock soviétique avant la Glasnost

Parmi les films entrant dans la sélection de la compétition fiction, cette semaine à Pessac, celui de Kirill Serebrennikov (également réalisateur du Disciple), intitulé Leto (été, en russe).

Présenté à Cannes au printemps dernier, Leto fut récompensé du prix de la meilleure musique. On attendait donc sa sortie en salle avec impatience. Ce sera chose faite début décembre et dès cette semaine à Pessac.

Back in USSR

Le meilleur des 60’s/70’s anglo-saxonne défile sur la bande son survitaminée du film: Iggy Pop, Lou Reed, The Talking Heads… Mais que l’on ne s’y trompe pas, on est bien en URSS, au tournant des années 80 et ce sont des Russes de la rue qui, dans le bus ou les trains de banlieue, font vibrer les murs en empruntant à Debbie Reynolds sa plus fameuse supplication: Call me, call me…

Un Jules et Jim éclairé au néon

L’histoire se passe à Leningrad (pas encore redevenue Saint-Petersbourg) pendant l’ère Brejnev. Elle rayonne autour d’un groupe de musiciens underground dominé par deux personnages centraux et leur égérie, Natascha. A eux trois, ils forment une équipe à la Jules et Jim, pleine de tendresse  jalouse et de jalouse tendresse, mais en version estampillée Pravda, bourrée de contradictions. On oscille sans cesse entre jubilation et mélancolie, violence sociale et douceur des relations amoureuses et amicales.

Concerts sous surveillance

Tandis que les deux garçons ferraillent pour se faire un chemin vers la gloire, en tapant sur des casseroles, scènes hilarantes de concerts placés sous surveillance par les comités de censure, chargés de contenir un public adolescent trépignant prié de rester bien scotché à sa chaise.

Hommage à Viktor Tsoï (1962-1990)

Kirill Serebrennikov rend ici hommage à deux comètes incandescentes de la scène rock soviétique des années 1980: Mike Naumenko (du groupe Zoopark) et surtout Viktor Tsoï (Kino) qui disparaîtront l’un et l’autre à l’aube de la décennie suivante, c’est-à-dire juste avant la chute du Mur. A cause de cela, la nostalgie n’est donc jamais loin, tiraillée entre un pouvoir de plus en plus à la peine et une jeunesse qui rêve de liberté et ne sait pas encore que la Glasnost viendra pour bientôt.

L’ombre de l’Afghanistan

Pour l’instant, la seule musique qui compte est celle qui vient d’Occident et circule sous le manteau. Et aussi celle qui reste à composer, des images plein la tête inspirées des pochettes de vinyl que l’on accroche à même les murs comme des tableaux de maître. Des images qui envahissent la pellicule noir et blanc, rayée d’incrustations argentées, mélange d’énergie pure et de mélancolie quand, subrepticement, se glisse une séquence où de jeunes garçons  doivent se soumettre à la visite médicale précédant leur départ pour l’Afghanistan.


La mort n’est jamais loin…

Kirill Serebrennikov nous remet alors en mémoire, sans pathos mais d’une manière déchirante et infiniment triste à la vue de ces jeunes garçons fragiles et nus, déjà malmenés par des infirmières alourdies par l’indifférence, que ces années-là sont aussi celle d’une guerre (1979-1989) qui fit environ 50.000 morts côté russe et au moins dix fois plus parmi la population civile afghane. C’est aussi l’une des forces de ce film un peu fou de nous rappeler, avec la virulence de la scène punk dans ses meilleurs moments, que la mort n’est jamais loin.

Assignation à résidence

Leto a été chaleureusement accueilli par le public cannois au printemps dernier, mais son réalisateur n’a pu faire le déplacement jusqu’à Cannes. Kirill Serebrennikov est sous le coup d’une assignation à résidence en Russie depuis plus d’un an.

Leto, de Kirill Serebrennikov. Sortie en salles le 5 décembre 2018 — Projeté à Pessac le mardi 20 novembre à 21h15 et le jeudi 22 novembre à 19h10. Extrait:

 

 

La Drôle de Paix – Pessac 1/4

29e Festival international du film d’histoire de Pessac

Au lendemain des commémorations du centenaire de 1918, le Festival du film d’histoire de Pessac a choisi d’interroger la période qui suit le retour à la paix jusqu’à la Drôle de Guerre.

La Drôle de Paix, c’est donc le sujet que cette 29e édition qui ouvrira lundi s’apprête à explorer, sous l’angle du cinéma. Une vingtaine d’années foisonnantes et contradictoires. Comme le rappelle l’historien et fidèle président d’honneur du festival, Jean-Noël Jeanneney, il s’agira donc, à travers projections, débats et rencontres de « restituer le foisonnement des libertés successives et des potentialités enfuies », de « donner à voir le tourbillon des occasions manquées d’échapper à l’horreur finale ».

Entre passions collectives et intérêts confrontés*

Seront convoqués, entre autres,  pour nous rafraîchir la mémoire, quelques chefs-d’œuvre du cinéma muet, tellement prophétiques, comme Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene ou Nosferatu de Murnau, la charmante et divertissante Sérénade à trois de Lubitsch, dansant sur les cendres fumantes de l’effondrement de 1929, la tragique souricière du Jardin des Finzi-Contini de Vittorio De Sica, interrogeant en 1970 le piège antisémite de l’Italie fasciste de  l’été 1938…

Plus facile de faire la guerre que la paix

Le délégué général, Pierre-Henri Deleau, a également pris soin, comme à son habitude, de sélectionner le meilleur des films documentaires d’histoire de l’année écoulée, avec le très émouvant Clémenceau dans le jardin de Monet de François Prodomidès racontant la puissante amitié de deux géants : l’un que l’on surnomma Le Tigre déclarant, au sortir de la victoire chèrement payée à Verdun qu’il est « plus facile de faire la guerre que la paix », l’autre, armé de ses seuls pinceaux, se battant jusqu’à la mort contre la cécité pour accomplir son oeuvre gigantesque menacée d’anéantissement.

Des secrets troubles

Dix films documentaires inédits (indépendants du thème de La Drôle de Paix) présentés en avant-première seront en compétition, parmi lesquels on note celui de Michael Prazan (auteur de la fascinante Passeuse des Aubrais présentée lors d’un précédent festival) sur les goulags, revisités à travers le regard d’Assia Kovrigina, une petite fille de Zek. Ou L’Homme que nous aimions le plus de Danielle Jaeggi. Ou encore  La Tondue de Chartres de Patrick Cabouat, qui scrute les secrets troubles d’une photo emblématique de Robert Capa prise en août 1944, à la Libération. Ces trois réalisateurs seront présent à Pessac.

 

Dix longs-métrages de fiction (également indépendants du thème) sont également en compétition. Nous y reviendrons la semaine prochaine…

Prochain article : demain dimanche — Leto de  Kirill Serebrennikov

Illustrations: © Nosferatu le vampire — Sérénade à trois — Robert Capa, la tondue de Chartres — L’Homme que nous aimions le plus.
*Jean-Noël Jeanneney

Fifaac 2018 – 4/4

Le palmarès des films en compétion

Lupus doublement récompensé

Tant que les murs tiennent, Grand Prix du jury pro

Le jury du festival international du film d’architecture de Bègles, présidé cette année par Tania Concko*, a décerné ce soir son Grand Prix 2018 au long métrage de Marc Perroud, Tant que les murs tiennent, dont nous avons déjà longuement parlé (voir l’article). C’est un prix très mérité pour un film polyphonique qui raconte l’histoire du naufrage d’un fleuron de l’industrie textile française d’après-guerre condamné par les délocalisations des années 1980.

Le Grand Prix du jury étudiant composé de sept élèves de l’ENSAP BX va à Lupus, un court-métrage d’animation de Carlos Gomez Salamanca (France/Colombie, 2016) qui reçoit également une mention spéciale du jury professionnel. Ce film a fait l’unanimité par la pertinence de son scénario et la maîtrise des techniques graphiques mises en œuvre. Inspiré d’un fait divers, il raconte la mise à mort d’un vigile attaqué par des chiens de garde sur un chantier d’immeubles à Bogota. Il met en perspective la violence de la meute animale rendue à l’initiale sauvagerie des loups et celle d’un autre esprit de meute, celui d’une classe politique agressive animée par l’esprit de conquête du territoire et l’appât du gain.

 

Les étudiants de l’ENSAP BX ont également gratifié le long-métrage de Fanny Tondre, Quelque chose de grand (France, 2016) d’une mention spéciale pour sa mise en scène de la réalité concrète du travail des ouvriers sur le chantier de construction de la gigantesque usine d’épuration d’Achères par Luc Weizmann.

Les mentions du jury professionnel vont à Innerspace de Shen Wei et Ma Yanson (Chine, 2017). Un poème chorégraphique à la beauté plastique extrêmement maîtrisée dédié au Harbin Opera Hause de MAD architects.

Ce même jury attribue une mention supplémentaire à Moriyama-San de Bêka & Lemoine (France, 2017). A ce sujet, Tania Concko a précisé, au nom de l’ensemble du jury, que ce film déjà multiprimé (notamment à Chicago et à Leipzig) aurait peut-être mérité une présentation hors compétition. Tania Concko a également souligné qu’il n’avait pas été facile de trancher entre des films très différents par leurs formats mais tous ambitieux par leur qualité.

* Le jury international était composé de Tania Concko, présidente, architecte à Amsterdam, Nicole Balavoine (auteur, scénariste), Nelson Correa Drago (architecte uruguayen), Lucas Bacle (architecte, réalisateur), Jean-Paul Chaumeil (auteur, cinéphile), Zoé Sans-Arcidet-Lacourt (directrice de projets culturels).

Fifaac 2018 – 3/4

Les récits dans le brouillard de J. Amimer

Les Récits d’Oradour, film de Jérôme Amimer projeté ce samedi dans le cadre du festival du film d’architecture de Bègles revient sur l’histoire dramatique du village d’Oradour-sur-Glane où 642 personnes (hommes, femmes et enfants) furent exterminés par les nazis en 1944, par la division SS Das Reich, lors du repli de l’armées allemande. Après la guerre et la décision prise par le général De Gaulle de faire d’Oradour un symbole, le village s’est figé dans son passé et dans les ruines des maisons qui lentement subissent le grignotage du temps qui passe…


A la source du passé familial

En allant filmer ces places et ces rues abandonnées à leur désolation et en donnant la parole à ceux qui sont les héritiers des martyrs de 1942, Jérôme Amimer poursuit le lent et patient travail introspectif engagé autour de sa propre souffrance familiale. Celle qui prend sa source dans le passé d’une grand-mère russe échappée en 1942 de son village également brûlé par les nazis.

Comme en zone d’ombre

Toute la filmographie du réalisateur est marqué du sceau de ce destin familial, depuis Le Reflet en 2008 suivi de L’ombre en 2011, puis Khatyn (2012) consacré  au massacre du même nom, en Biélorussie (1943). Dans La Cité Intérieure (2016), Jérôme Amimer livre cette confidence au sujet de son enfance et de cette «mémoire familiale qui [le] fuit» :

« J’étais toujours comme en zone d’ombre […] J’ai l’impression d’être dans un brouillard bizarre… »

Pour ces Récits d’Oradour, après la projection il parle de l’évidence de choisir le noir et blanc et de l’importance des voix de ceux qui n’en finissent pas de raconter cette histoire,  comme une litanie, une complainte qui les hante. Son film est à son image: terriblement mélancolique.

Illustrations: Les Récits d’Oradour © Leitmotiv Production

Fifaac 2018 – 2/4

La voix des murs

Le Fifaac (Festival international du film d’architecture et des aventures constructives)  qui se déroule aux Terres Neuves, à Bègles, jusqu’au 27 octobre (voir notre précédent article), présentait hier, entre autres, deux films en compétition qui a bien des égards apparaissent totalement antagonistes. Je veux parler de Crimée enchantée, un court-métrage de Sophie Comtet-Kouyaté (France, 2017, 30mn) et de Tant que les murs tiennent de Marc Perroud (France, 2017, 52mn).

Le rêve enchanté d’un habitat idéal

Le premier est un film d’architecte conçu autour du projet de rénovation d’un ancien îlot bâti dans le 19e arrondissement de Paris, rue de Crimée, autour d’une cour pavée. Cette réhabilitation  prévoit d’y faire cohabiter des ateliers et des logements sociaux. Le film prend le parti d’un certain onirisme autour du chantier en cours et de performances d’acteurs et de danseurs. Une voix off préfigure la présence à venir des habitants des lieux. Le résultat est agréable à l’œil mais plutôt vide en contenu, hormis le message en sous-texte d’une cohabitation heureuse et partagée bien dans l’air du temps que le titre résume sur l’air du conte de fée. On est donc dans le monde enchanté d’un habitat idéal plus fantasmé que vécu. Des appartements où il faudra vivre, on ne voit d’ailleurs que les fenêtres et les escaliers…

La mémoire de la rue Saint-Maur

De ce point de vue, ce court-métrage adopte une position inverse de celle du magnifique documentaire de Ruth Zylberman, Les Enfants du 209 rue Saint-Maur diffusé au printemps dernier par Arte (France, 2017, 103 min). A partir d’un même parti-pris (un lieu et ses habitants) la réalisatrice racontait la rafle du Vel’d’hiv’ et son lot de dénonciations obligeant les uns et les autres à choisir leur camp ou à affronter leur destin, noué dans les appartements aux parquets grinçants de cet immeuble sur cour du 11e arrondissement de Paris.

Tant que les murs tiennent

Le film de de Marc Perroud (France, 2017, 52mn – Diffuseur : France 3) s’efforce lui aussi de raconter l’histoire d’une communauté humaine à partir des lieux qui l’ont vue exister. Il s’agit ici d’une ruine industrielle bâtie au pied de la citadelle de Besançon, haut-lieu des luttes ouvrières des années 60-70.


Si le montage est un peu foutraque et manque d’informations qui auraient permis aux plus jeunes de mieux s’orienter dans les méandres de l’histoire politique et sociale de la deuxième moitié du XXe siècle en France, l’ensemble est très convaincant et émouvant.

Cinquante ans après la grève et l’occupation de cet immense paquebot de l’industrie textile des Trente Glorieuses vécues sous pavillon Rhodia (le groupe Rhodiaseta, spécialisé dans la fabrication de fils synthétiques genre Tergal) le réalisateur donne la parole aux anciens ouvriers, qui occupèrent l’usine en 1967, participèrent au mouvement de 1968, assistèrent en 1981 au démantèlement de leur lieu de travail et perdirent leur emploi.

Une cathédrale de l’industrie perdue

Marc Perroud tend également son micro aux grapheurs qui ont pris possession de ce que l’un d’eux décrit à juste titre comme une sorte cathédrale industrielle où la nature aurait repris ses droits, parmi les gravas, les débris de machines et les cartes perforées des métiers à tisser qui jonchent encore le sol. Cinquante ans après 1968, on mesure avec tristesse et un certain effroi l’ampleur des dégâts des délocalisations, dont on n’a pas fini de compter les victimes dans ce que certains appellent désormais les « territoires »…


Un murmure venu du Portugal

Vu également cet après-midi: Construction de la villa Além de Ana Resende, Miguel Tavares, Manuel Viera et Tiago Costa (Portugal, 2017, 55 mn). Un film aux parti-pris radicaux (pas de commentaire, pas de voix, juste le chant des oiseaux et des ouvriers silencieux et harassés). Histoire de la construction d’une villa, celle de l’architecte suisse Valerio Olgiati et de son épouse, au sud du Portugal. Projet moderniste dont les choix rappellent sous certains aspects ceux de la casa Malaparte à Capri (les ouvertures percées dans les murs comme des meurtrières pour laisser entrer le paysage à l’intérieur des volumes). Les plans fixes font référence au style de Manuel de Oliveiras ou plus récemment à celui de Miguel Gomes (le réalisateur de Tabou, 2012), amenant à penser qu’au Portugal la voix des murs semble suivre la cadence lente du fado.

Fifaac 2018 – 1/4

Festival international du film d’architecture et des aventures constructives

Le Fifaac  qui s’est ouvert vendredi dernier se poursuit en cette fin de semaine

(25, 26 et 27 octobre) aux Terres Neuves de Bègles.

Cette édition 2018 offre une sélection composée de 16 films de tous horizons, venus notamment de Chine, d’Australie, des Etats-Unis, de Colombie, du Portugal et aussi de France. Le programme est placé sous le signe de l’éclectisme : des  courts, moyens et longs métrages, mêlant documentaires, fictions, clips et films d’animation seront en compétition pour le grand prix, décerné le samedi 27 octobre.

Tania Concko de retour à Bègles

Cette année, le jury composé de professionnels du film et de l’architecture sera présidé par l’architecte Tania Concko, conceptrice du projet de réaménagement du quartier Terres Neuves (ancien quartier Yves Farge) qui lui valut le prix Femmes Architectes 2016 dans la catégorie Œuvre originale*.

Un jury étudiant de l’ENSAP BX composé de 7 étudiants dont 2 Erasmus participera à la sélection finale.

Une sélection sous le signe de l’éclectisme

Pour l’ouverture de cette journée du 25 octobre, les architectes béglais invitants, épaulés par le réalisateur Jean-Marie Bertineau, proposaient sept films de différentes factures. Pour commencer Crimée enchantée, un court-métrage de Sophie Comtet-Kouyaté (France, 2017, 30mn), suivi de Tant que les murs tiennent de Marc Perroud (Inédit, France, 2017, 52mn). Nous y reviendrons demain…

*Le prix Femmes Architectes 2016 décerné par l’ARVHA, l’association pour la Recherche sur la Ville et l’Habitat, avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication, du ministère des Familles, de la Santé et des Droits des femmes, de la Ville de Paris, du Conseil national de l’ordre des architectes.

Images: Fifaac – Tant que les murs tiennent de Marc Perroud (2017)

S. V. Aznavourian

Charles Aznavour est parti et je ne sais que dire pour ajouter mon petit caillou, ma note au concert international de louanges qui accompagne son départ vers un music-hall inconnu. Aussi loin que remonte ma mémoire, il me semble qu’il a toujours été là. Depuis l’enfance, il était là, sa voix sur le tourne-disque de Claire, la maman de ma première amie de jeunesse, Véronique, qui écoutait ses disques en boucle, pleurant sur je ne sais quelles amours envolées. Certains l’ont dit très laid, moi je le trouvais beau et je n’étais pas la seule…

Un sosie d’Istanbul

Quand je suis allée vivre à Istanbul, ce fut pour y partager la vie d’un homme né en 1950 du côté d’Erzincan, au nord-est de la Turquie. Cet homme lui ressemblait tant qu’un jour, dans un restaurant  à Paris, un client est venu lui demander un autographe, ce qu’il a accueilli avec une politesse froide en rectifiant l’erreur. Pourtant, j’ai toujours pensé que du sang d’Arménie coulait dans ses veines, mais ceci est une autre histoire…

A Istanbul, sur l’avenue Istiklâl, tout près de la petite rue Postacilar où j’habitais, il n’était pas rare d’entendre les marchands de musique faire jouer l’une ou l’autre des chansons de Charles Aznavour. Les hommes et les nations ne sont pas à une contradiction près…

Les passages d’Istiklâl Caddesi

C’est une avenue particulière qu’Istiklâl Caddesi. De chaque côté, les immeubles sont percés ici et là de porches donnant accès à des passages qui se faufilent entre les immeubles, abritant des petits commerces d’un autre âge, des bars, des restaurants, un peu comme les passages du 9e arrondissement de Paris, qui furent d’ailleurs construits à la même époque. L’été, ils offrent aux promeneurs un peu d’ombre et de fraîcheur; l’hiver un abri contre le vent glacé et la neige.

Il faudrait écrire un livre rien que pour parler de ces passages : certains s’appellent simplement Poisson ou Fleur, on y achète du poisson, des fleurs, mais on peut aussi y boire un verre ou deux. Chacun d’eux porte en lui un petit morceau de l’histoire compliquée d’Istanbul, à l’image de ce Passage des Fleurs dont je viens de parler qui fut ainsi baptisé en mémoire des petits bouquets que les Russes blanches ruinées par l’exil venaient y vendre.

L’énumération de leurs noms est déjà un voyage, ponctué de points sur les cartes d’Etat major (comme Suriye pasaji, Avrupa pasaji, Atlas pasaji) ou sur les vieux registres de l’Etat civil ottoman, tels que le Passage Hazzopoulo écorchant un peu le nom de son premier propriétaire, le banquier grec Hacopoulo…

Aznavur pasaji, n°108

Au numéro 108 de l’avenue, vous trouverez le Passage Aznavur, créé par l’architecte arménien Hovsep Aznavur. Un homonyme de notre Aznavour bien-aimé, baptisé sous le nom de Shahnourh Varinag Aznavourian. Fasse que le Dieu des Courants d’Air nous le ramène de temps en temps, les jours de pluie ou de cafard, se faufilant dans les passages, qu’ils soient d’Istanbul, de Paris ou d’ailleurs, parmi les marchands de vieux livres ou d’anciennes porcelaines du Japon, pour faire couler longtemps nos larmes sur sa mélancolie…

Photos: Tirez sur le pianiste de François Truffaut (1960) – Istiklâl Caddesi et son tramway – Copyright: Ara Güler – Le passage Europe (Avrupa pasaji), autrefois nommé passage des miroirs (Aynali pasaji) en raison des 22 miroirs qui tapissaient la galerie du rez-de-chaussée, détruits lors du grand incendie de 1870. Copyright: Ara Güler.

#PayeTonAuteur

Que vaut le temps de l’écrivain ?

A quelques jours de l’ouverture de Livre Paris (ex salon du Livre de Paris), une polémique a éclaté autour de la rémunération des auteurs sollicités pour participer aux diverses animations proposées : tables rondes, débats, rencontres…

Tout a commencé par un texte publié sur Facebook autour d’un collectif d’auteurs et d’illustrateurs Jeunesse, La Charte, annonçant sa décision «  de dire non au travail gratuit» sous la forme d’un hashtag #PayeTonAuteur  lancé sur Twitter.

D’amour et d’eau fraîche

Dans le milieu de l’édition, il est souvent considéré que, comme les amoureux, il  siérait aux auteurs de vivre d’amour et d’eau fraîche. C’est pourtant oublier un peu vite que les auteurs, ces purs esprits, font vivre ce qu’il faut bien appeler une industrie, celle du livre dont ils sont la source. Faut-il le rappeler : sans auteur du livre, pas de livre ; et sans livre, de nombreux emplois en moins : chez les papetiers, les imprimeurs, les éditeurs, les libraires, les attachés de presse, les organisateurs de rencontres culturelles… c’est-à-dire tous ceux qui touchent un salaire prenant sa source dans la publication d’un livre. Et qu’est-ce qu’un livre si ce n’est un texte (avec ou sans images) écrit souvent dans une sorte de temps hors du temps, hors des normes, hors de toute rétribution hormis celle de l’espoir de faire sens et d’être lu?

Les feuilles volantes de Cavafis

Alors pourquoi donc faudrait-il refuser que les auteurs, qui sont situés au point de départ de l’industrie du livre soient exclus de son  économie, comme de grands enfants immatures même pas capables de gérer leur argent de poche? Rappelons au passage la légende qui entoure le poète grec Constantin Cavafis (parfois orthographié à l’anglaise Cavafy): on raconte qu’il écrivait ses vers sur papier libre et les laissait s’envoler au vent, pour ceux qui les ramasseraient et les liraient… En vérité, il les offrait à ses amis. Celui qui serait plus tard reconnu comme l’une des figures les plus importantes de la littérature grecque du siècle dernier vécut à l’écart de la renommée et gagna sa vie comme fonctionnaire, journaliste et courtier à la bourse d’Alexandrie, ainsi que nous sommes toujours si nombreux à le faire, l’édition étant bien connue pour préférer les écrivains morts à ceux que la vie oblige encore à se nourrir pour exister…

Ce que je veux dire, c’est que l’on peut écrire sans être publier; mais on ne peut publier ce qui n’a pas été écrit. Bientôt, on inventera peut-être des machines pour cela, comme on le fait déjà avec la traduction, mais le plus tard sera le mieux…

Jusqu’à ces derniers jours, Livre Paris s’était contenté d’expliquer (Source Twitter – 5 mars 2018) que certaines prestations seraient payées aux auteurs invités au Salon, mais pas toutes, puisque « les débats / conférences / tables rondes permettent à l’auteur d’être visible et c’est donc de la promotion, comme le serait une interview par un média». C’était à prendre ou à laisser: si les auteurs invités refusaient de faire le job gratuitement, ils étaient libres de décliner l’invitation…

Combien vaut un écrivain qui ne vend pas?

En d’autres termes : la politique du couteau sous la gorge, les auteurs n’ayant d’autre choix que de se soumettre (ne pas être payés) ou de se démettre (se résoudre à l’absence, c’est-à-dire à l’effacement). Car c’est cela, le pire : la grande solitude et la  précarité des auteurs de l’écrit, que les enquêtes menées notamment par la Société des Gens De Lettres (SGDL) ne cessent de mettre en lumière.

«Que vaut le temps de l’écrivain?» s’interrogeait déjà sa présidente, Marie Sellier, en novembre dernier. « Arrêtons d’évoquer un “temps de promotion de l’auteur” pour ses livres qui serait gratuit, alors même que cette   “promotion gratuite de l’auteur” bénéficie immédiatement à tous les autres acteurs de la chaîne, toujours rémunérés, souligne-t-elle aujourd’hui encore. En attirant le public par sa présence, l’auteur fait aussi la promotion du salon auquel il participe. »

Est-il légitime de payer un écrivain ?

Le 7 mars, sur France Inter, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen (fille de l’éditeur Hubert Nyssen fondateur des éditions Actes Sud, dont elle assurait à son tour la direction avant sa prise de fonction au gouvernement Macron) déclarait trouver «légitime que [les écrivains] soient rémunérés». Résultat immédiat : Quelques heures plus tard, Livre Paris rectifiait le tir dans un communiqué annonçant la décision de «rémunérer tous les auteurs quelle que soit leur intervention sur une scène du salon». En précisant toutefois que cette décision «ne s’applique en revanche pas aux auteurs en dédicace ».

Qui vient-on trouver au Salon sinon les livres et leurs auteurs?

On peut considérer qu’un tel revirement est un progrès. Au sujet des dédicaces, on peut aussi se demander, dans une logique marchande si chère à notre époque, si les visiteurs du Salon seraient aussi nombreux à se bousculer dans les allées si Amélie Nothomb (pour ne prendre que la plus emblématique en la matière) faisait l’économie d’un tel déplacement. Que deviendrait le Salon sans les  dédicaces? Et combien coûte un billet d’entrée Porte de Versailles? Combien ça rapporte?

Merci Frédéric!

Vous me direz peut-être que la sémillante Amélie n’a pas besoin d’un pourboire du Salon pour boucler ses fins de mois et qu’elle prend un sincère plaisir à rencontrer ses lecteurs. Elle peut donc assurer sa prestation sans se soucier de ses émoluments, pour le seul plaisir. Peut-être, mais les autres ? Ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois… Et faut-il que ce soit Frédéric Beigbeder qui prenne pour nous tous la parole, comme il le fit récemment dans sa chronique (toujours sur Inter), pour que notre existence et ses difficiles contingences soit rappelées à ceux que nous faisons vivre ?

Il serait temps, pour nous les écrivains qui ne nous appelons ni Frédéric, ni Amélie, mais qui participons cependant, par notre singularité, de la diversité de la création littéraire en France ; il serait temps de sortir de cet isolement qui fait tellement le jeu de ceux qui trop souvent oublient que nous existons dès que le texte est passé entre leurs mains.

Ecrivains et petits paysans, même combat

En ces temps de prise de conscience des profondes disparités salariales dont les femmes continuent de faire les frais, du mépris et de l’injustice que subissent les petits paysans qui aiment leurs vaches, leurs donnent des petits noms et nous nourrissent, mais qui ploient l’échine sous les contraintes, il faudrait que nous aussi nous décidions à briser de mur de silence de notre solitude pour  faire entendre notre voix.

Toutes les illustrations de cet article sont des photos extraites de films mettant en scène des écrivains, réels ou fictifs. A la lumière de cet article, on pourra s’interroger sur le rapport à l’argent  problématique de leurs héros.
De haut en bas: le premier film est signé Philippe de Broca (Le Magnifique, 1973). On y retrouve Jean-Paul Belmondo incarnant un certain Bob Saint-Clar, qui crache la copie pour écrire des romans d’aventure commandés par un éditeur peu scrupuleux.
La seconde est la romancière Françoise Sagan (Sylvie Testut) transposée sur grand écran dans un biopic de Diane Kurys (Sagan, 2008).
Le troisième est Truman Capote (superbe et bluffant Seymour Hoffman) de Bennett Miller (Capote, 2005).
Le quatrième est Tony Leung dans 2046 de Wong Kar Waï (2004). L’histoire d’un journaliste, encore mal payé, qui se lance dans l’écriture d’un roman et finira par se perdre dans les méandres de sa mémoire et de ses fantasmes.
L’image finale correspond également à la dernière séquence de film de Roman Polanski, The Ghost Writer (2010) adapté du roman de Robert Harris, L’Homme de l’ombre. Erwan McGregor joue le nègre de Pierce Brosnan, dernière lequel on reconnaît sans peine un clone de l’ancien Prime Minister of Great Britain, Tony Blair. Gros problème en vue pour le premier. On lui avait pourtant promis un gros chèque…