Madame Kalitea

N’allez pas vous imaginer que je n’ai rien remarqué : je sais qu’il y en a qui trichent en allant au renseignement, en catimini, sur internet. Clic sur Google. Recherche : Zozo Dalmas. Tout ça pour connaître la fin de l’histoire avant tout le monde. Mais je vous l’ai dit : je n’ai pas l’intention de me presser: n’oubliez pas que ce qu’il y a de mieux dans les voyages, c’est ce qu’on imagine avant d’être parti. Pour la lecture, c’est pareil. Et en amour aussi. C’est toujours mieux avant. Après, au mieux c’est juste de la vérification, au pire, de la déception.

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Puisqu’il en est ainsi, je ne vous dirai aujourd’hui rien de plus sur Zozo. Et d’ailleurs, l’autre jour, j’ai écrit que je ne savais pas ce qu’elle faisait en 1919, mais que cette année-là on tournait un des tout premiers films de fiction du cinéma turc. Et que Zozo n’y avait pas de rôle. Après tout, il n’y a pas qu’elle qui compte…

Ce film de 1919 dans lequel elle ne figurait pas s’intitule La Gouvernante, du réalisateur Ahmet Fehim. Il tient une place à part car il marque la première intervention (malheureusement pas la dernière) de la censure dans le cinéma turc. Et c’est aux Français que revient ce regrettable honneur d’avoir inauguré cette pratique, car le personnage de la gouvernante mis en scène par Ahmet Fehim est plus précisément celui d’une gouvernante française hystérique. Ce qui n’eut pas l’heur de plaire aux forces d’occupation françaises installées alors à Istanbul qui, considérant sans doute qu’une telle histoire leur offrait une bien mauvaise publicité, firent interdire la diffusion du film en Anatolie.

L’actrice qui incarnait le rôle titre s’appelait Madame Kalitea.

Photo: Madame Kalitea dans La Gouvernante, d’Ahmed Fehim (1919)

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